VALLÉE DU TESSIN
Canton du Tessin, Suisse
Territoire de transition entre l'Italie et la Suisse par excellence, le Tessin se ressent clairement comme un morceau de Suisse tombé du côté Italien. De part et d'autre de la frontière, tout semble faire partie d'un même ensemble, de langue et de culture italienne. Seul canton suisse à se trouver au Sud de l'arc Alpin, il est depuis toujours physiquement détaché des plaines suisses. Le Tessin appartenait même au duché de Milan jusqu'au jour où, au XVe siècle des bataillons germaniques déboulèrent du Nord par-dessus le col du Saint-Gothard et rattachèrent Bellinzone (Bellinzona en italien) et sa région aux cantons suisses déjà confédérés.
En plein milieu du Tessin, la plaine de Magadino - de Bellinzone à l'Est jusqu'au Lac Majeur et Locarno à l'Ouest - est une vallée profonde parsemée de cultures et de serres, comme coupée du reste du monde. On trouve, rassemblées parmi ces montagnes, les réalisations emblématiques de trois grands architectes Tessinois, à savoir Aurelio Galfetti, Luigi Snozzi et Mario Botta. Ce trio est à la base de ce qui est appelé "l'école tessinoise", tous trois vivant et exerçant encore dans le Tessin, bien qu'ils aient été formés à Zurich - pour Galfetti et Snozzi - ou à Venise pour Botta.
CASTELGRANDE
Piazza del sole, Bellinzone
Arch : Aurelio Galfetti (restau.)
1983 - 1989
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MONTE CARASSO
Centre : El Cunvént, Monte Carasso
Arch : Luigi Snozzi
1977 - 1995
Petit village séparé de Bellinozne par la rivière Tessin, Monte Carasso possède sa petite réputation chez les architectes, associée à celle de l'architecte Luigi Snozzi.
L'histoire qui lie Snozzi et Monte Carasso commence dans les années 1970, au moment où le village envisage de construire une nouvelle école pour répondre à l'augmentation de la population. Au départ il était prévu d'implanter la nouvelle école à l'écart du village, au bord de l'autoroute qui passe à proximité. Si le rôle de Luigi Snozzi à Monte Carasso est devenu un exemple d'implication de l'architecte dans la politique de renouvellement d'une commune, c'est qu'en plus d'être missionné pour le projet de la nouvelle école, Snozzi finira par engager la restructuration complète du centre du village avec la concertation des habitants, en relocalisant l'école dans le centre, accompagnée de plusieurs nouveaux équipements et services. Cela paraît simple comme ça, mais le projet "urbain" (ou rural) de Snozzi prendra du temps à être adopté et ne le sera qu'en 1990. Il faut dire que la démarche était plutôt expérimentale parmi la culture de l'aménagement dans le Tessin de l'époque, qui se développait surtout par quartiers résidentiels de maisons individuels.
SANTA MARIA DEGLI ANGELI
Position : 46°07'03.60'' N 8°53'37.73'' E
Arch : Mario Botta - Artist : Enzo Cucchi
1996
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L'école prendra finalement place dans le vieux monastère complètement transformé autour de son cloître ouvert. Le gymnase communal et un amphithéâtre viennent se loger sous les pelouses de la place. En plus d'être l'architecte du plan directeur du village, Snozzi construisit aussi la banque, le centre sportif et une bonne dizaine de maisons aux alentours de l'école, reconnaissables à leurs lignes simples et au travail du béton banché.
Monte Carasso dans les années 1970
L'ancien Convento delle Agostiniane, 1980
Début des travaux de restauration, 1987
Bellinzone, la capitale, est une citadelle positionnée stratégiquement à l'embouchure de la plaine au bord de la rivière Tessin. Logiquement, ce fut la première ville à passer des mains italiennes aux mains suisses en 1500. Aujourd'hui trois châteaux, rien que ça, témoignent de ces batailles, postés le long d'une ligne en travers de la vallée.
Même en été, Bellinzone fait l'effet d'une ville active réellement locale, avec ses ruelles animées mais quasi-désertes de touristes. Pour accéder au Castelgrande, la citadelle moyenâgeuse du centre de la ville, ne pas rater le passage caché au bord de la Via Codeborgo : Une entaille de béton à travers la roche sur laquelle sont bâties les hautes tours de la forteresse. L'étroit couloir de béton banché brut donne accès à un ascenseur qui relie le niveau du centre-ville au cœur du château. Une fois en haut, les grandes cours de la forteresse paraissent aujourd'hui assez vides, alors qu'au Moyen-Âge elles contenaient la quasi-totalité de la ville et de ses habitants.
Galfetti livre là une restauration propre qu'il appelle une "Acropole de Lumière", tout en y insérant des microarchitectures minérales, prenantes de froideur et solennité.
BAGNO PUBLICO E PISCINA COPERTA - Via Mirasole, Bellinzone
Arch : Aurelio Galfetti
1967 - 1970
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Santa Maria degli Angeli est une petite église de Mario Botta, plantée dans la montagne au bord de la pente.
De là on domine toute la vallée du Tessin et la plaine de Magadino, avec au loin Bellinzone et le reste des Alpes en arrière-plan. On distingue d'abord l'Eglise par sa toiture, une grande ligne de crête qui semble s'avancer en plongeoir sur la vallée. On retrouve le cylindre tronqué en biseau, caractéristique des projets de Botta dans le monde entier. En-dessous les crénelages et les arcs de porphyre accompagnent l'entrée dans l'église, dont l'intérieur est simple sans être exceptionnel.
L'Église se situe à 1 530 m d'altitude, à Alpe Foppa. On peut rejoindre directement le plateau en téléphérique depuis le village de Rivera (moyennant quand même 25 CHF aller-retour). À pied, au départ de Rivera il y a à peu près 1 000 m à grimper et il faut compter entre 2h30 et 3h de marche ; autant qu'en partant de Monte Ceneri en empruntant la piste VTT. Aucune route réellement praticable ne mène jusqu'en haut. Il faut dire que ce ne sont pas des sentiers très fréquentés, même en plein été on y croise absolument personne. C'est seulement une fois arrivé à Alpe Foppa qu'on retrouve la civilisation autour du téléphérique, avec ses petits restaurants et même sa piste de luge. Des dizaines d'autres randonnées partent de là, vers le sommet du Monte Tamaro par exemple.
Toujours à Bellinzone et aussi d'Aurelio Galfetti, les bains publics de la ville, un projet assez renommé pour son intégration dans le paysage et le territoire. Organisées autour d'un axe reliant la ville et la rivière, toutes les fonctions du complexe - vestiaires, bassins, plongeoirs - viennent se greffer à une circulation principale, combinant la route d'accès et un cheminement piéton décollé du sol.